mardi 28 septembre 2021

Plus d'empathie pour les personnes handicapées (article paru dans La Presse)

Dans le cadre du cours "Écriture et médias", nous avions à écrire une chronique sur un sujet libre et d'actualité. Écrire dans un contexte journalistique, c'est inévitablement rester collé sur l'actualité. Ces deux années de certificat ayant été marquées par la COVID-19, plusieurs de mes textes le sont aussi. 

À mon grand désarroi, l'enseignante nous encadrait de façon très stricte, exigeant des textes courts, sous peine d'être pénalisés. 

Ça m'a obligée à garder un fil conducteur très serré lors de l'écriture. 

Exercice difficile, mais finalement très utile.

Cette même enseignante nous répétait souvent ceci : En journalisme, "il faut faire des choix."

C'est un conseil qui m'a beaucoup aidée à garder à distance cette tendance à vouloir parler de tout jusqu'à l'éparpillement. 

Avec la consigne d'écrire une chronique sur un sujet libre et d'actualité, l'occasion était donc toute indiquée pour que je parle d'une situation qui me touche de près : celle du handicap et de la pandémie. Vaste sujet. Trop vaste pour écrire une seule page à double interligne comme le voulait la consigne. 

FAIRE DES CHOIX. Il me restait à choisir un angle. Un seul. 

L'empathie. 

Je n'aurais jamais cru qu'écrire une seule page aurait pu être si long! 

J'ai dû revenir mille fois à mon sujet, à mon angle. Au noyau de mon propos. 

Et je l'ai fait. 

Voici cette page, qui m'en a fait baver, mais dont je suis assez fière.

D'ailleurs, je l'ai envoyée à la Presse, qui l'a publiée! Double fierté.

Plus d'empathie pour les personnes handicapées


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22 février 2021


Plus d’empathie pour les handis


photo tirée d'internet


Pendant la crise sanitaire, les gens ont découvert – en partie – ce que signifie « être handicapé ». Pas de socialisation, pas de loisirs, beaucoup de sédentarité, beaucoup d’isolement. Un calque de ce que vivent les personnes en situation de handicap, et ce, depuis bien avant la pandémie. Étant moi-même en fauteuil roulant, je chéris l’espoir que ce difficile exercice collectif aura suffisamment nourri notre empathie à tous pour aider au progrès de la cause des personnes handicapées.


Il y a des décennies que les personnes en situation de handicap luttent pour faire reconnaître leurs droits. Malgré les progrès effectués, beaucoup de chemin reste à parcourir. En 2017, par exemple, seulement la moitié des handicapés occupaient un emploi, contre 75 pour cent pour les personnes sans incapacité. L’accessibilité des lieux y est pour beaucoup, mais pas que. Un autre obstacle qui freine l’inclusion des personnes handicapées réside dans l’indifférence de ceux qui ne se sentent pas concernés. C’est ici que la pandémie aura peut-être fait son œuvre : personne n’est resté indifférent face aux ravages que le virus a causés aux plus vulnérables. Alors un peu somnolente, notre compassion s’est réveillée à grands coups d’électrochocs. On a vu, on a ressenti, on a pleuré, on s’est indignés. La pandémie nous en a donné la preuve : l’humain est encore capable de se laisser toucher et de réagir.


Ainsi, quand le monde sera entièrement déconfiné, retournera à la vie normale, et qu’on parlera encore de l’isolement et des défis sociaux des personnes handicapées, il y aura ce souvenir pas si lointain du confinement, ce relent d’inconfort. J’espère qu’alors cette petite cloche, qui s’appelle l’empathie, résonnera avec force dans notre conscience collective.



lundi 27 septembre 2021

Les canards de Matt

Pendant que je suis mes cours universitaires à temps partiel, je poursuis mon enseignement du français auprès d'étudiants qui habitent un peu partout autour du globe. J'étais en train de compléter un cours d'écriture et médias quand Matt m'a raconté une histoire si mignonne que j'ai eu envie de la mettre sur papier. Matt, c'est un étudiant anglais qui apprend le français avec moi de façon sporadique depuis plusieurs années. C'est toujours un immense plaisir de bavarder avec lui. Quand il m'a raconté son aventure avec une maman canard qui s'était installée sur son balcon pour y pondre ses oeufs, j'ai tout de suite visualisé l'article réconfortant qu'on pourrait trouver dans la rubrique "insolite" d'un journal. C'était, de plus, une formidable opportunité de mettre en pratique les règles d'écriture journalistique et tout ce que j'avais appris dans mon cours d'écriture et médias.

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28 avril 2021



Un homme de Londres aide au sauvetage d’une famille de canards qui s’était installée sur son balcon

par Joëlle Tremblay


Un jeune père de famille a eu toute une surprise le mois dernier en découvrant un nid de canards sur le balcon de son appartement situé au 4e étage d’un immeuble de la capitale anglaise.

Matt, sa femme Audrey et leurs deux jeunes enfants revenaient d’un weed-end de Pâques à l’extérieur de la ville lorsqu’ils ont fait l’étonnante découverte. “Les enfants tapaient sur la fenêtre du balcon en criant : des œufs, des œufs! raconte Matt. J’ai cru qu’ils étaient excités à cause de Pâques, mais quand je suis allé à la fenêtre pour les arrêter, j’ai vu une maman canard qui couvait des œufs dans un pot à fleur. J’ai pensé “Oh mon dieu, qu’est-ce qu’on va faire avec ça?”


Selon la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), il n’est pas rare qu’une femelle canard fasse son nid sur un balcon afin de mettre sa couvée en sécurité, loin des prédateurs et des dangers de la nature.

Matt et Audrey sont préoccupés, d’autant plus que leur appartement est à vendre et qu’ils doivent partir dans les prochains jours pour le Kent, le comté où ils sont en train de déménager. Les enfants, eux, commencent déjà à s’attacher. “Ma fille a nommé la cane Betty-Rose.” s’amuse Matt.

Sachant qu’ils doivent agir vite, ils appellent aussitôt la London Wild Trust, un organisme de protection de la vie sauvage de la capitale anglaise. “Ils nous ont mis en contact avec “Andy the swan guy”, un bénévole très engagé dans la protection des oiseaux, qui habite dans le quartier.”

Andy leur explique qu’il ne faut pas déranger la maman pendant qu’elle couve, mais qu’il est impératif d’effectuer le sauvetage dès la naissance des canetons, afin qu’ils rejoignent rapidement un point d’eau pour se nourrir. “De plus, si on tarde trop à intervenir dans ce type de situation, les bébés risquent de tomber en bas du balcon, la mère peut tenter de les transporter dans son bec, un prédateur peut venir les manger” ajoute Matt, encore une inquiétude dans la voix.

Il est donc convenu que Audrey parte dans le Kent avec les enfants, et que Matt attende l’arrivée des canetons à Londres. “Certaines personnes me disaient de ne pas m’en occuper, que c’est la nature. Mais c’était impossible pour moi, car ils allaient définitivement mourir si je ne m’en occupais pas.”

Pendant les deux semaines qui suivent, Matt reste donc en contact étroit avec Andy, qui se tient prêt pour le grand jour.

C’est finalement le matin du 1er mai que les œufs commencent à éclore, et que l’opération sauvetage se met en marche : “Andy tentait d’attraper la maman, mais elle l’attaquait, c’était un vrai combat, c’était intense! Puis elle a commencé à se fatiguer et il a réussi à la faire entrer dans la cage. Ensuite on a mis les bébés dans une autre cage. Il fallait agir très vite pour ne pas les traumatiser!”

Les sept canetons et leur maman ont donc pu être relocalisés sur un étang tout près. “Andy est très satisfait de l’opération, raconte Matt. Il était inquiet, car il est fréquent que les sauvetages échouent : dans la peur, les mères fuient et laissent derrière elles leurs bébés, qui ne peuvent malheureusement pas survivre” s’attriste Matt.

Mais il se réjouit aussitôt : “Heureusement, dans notre cas, ça a été un grand succès!”

Et maintenant, c’est au tour de Matt de rejoindre sa petite famille dans leur nouvel environnement!




Photos et vidéo : Matthew Haydock

dimanche 26 septembre 2021

Compte-rendu critique de « J'ai montré toutes mes pattes blanches je n'en ai plus »



J'ai fait l'expérience de rédiger un compte-rendu critique d'une œuvre littéraire. Il fallait choisir une œuvre parue dans les trois derniers mois. N'ayant rien lu de bien récent dans les dernières semaines, je m'en suis remise aux conseils d'une camarade de classe, Mélodie, qui avait travaillé comme libraire. Mélodie, sans trop me connaître, a visé dans le mille : l'œuvre qu'elle m'a suggérée, J'ai montré toutes mes pattes blanches je n'en ai plus m'a piquée droit au cœur. L'histoire de Sylvie Laliberté m'a rappelé ma propre enfance avec un père colérique et tourmenté, et la grande complicité que nous avons développée, mon frère, ma soeur et moi, à force de nous serrer les coudes pour passer à travers cette période compliquée.


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8 mars 2021


Émouvante lettre vers l’au-delà

Sylvie Laliberté se pince : « Mon frère, t’es mort (...). Je sais, c’est saugrenu. T’es tellement mort. » Encore bouleversée par le récent départ de son frère, l’auteure s’adresse à lui une dernière fois dans son nouveau roman J’ai montré toutes mes pattes blanches je n’en ai plus. Un ultime message écrit comme à la lueur d’une chandelle. Poignant huis clos fraternel.

Née d’un père mathématicien affligé de troubles de santé mentale et d’une mère passée maître dans l’art de sauver les apparences, Laliberté raconte, dans cette magnifique petite œuvre autobiographique, ses souvenirs d’une enfance trouble. Une enfance passée dans la peur et la honte d’avoir un père « qui ne va pas bien » à une époque - dans les années 70 - où la maladie mentale était loin d’être connue comme elle l’est aujourd’hui.

Avec une plume personnelle et superbement habile, Sylvie Laliberté ouvre l’album de sa mémoire et feuillette, page après page, ses douloureux souvenirs d’enfance. Le texte, écrit au «tu» sur le délectable ton de l’humour fraternel, s'adresse sans ambages au frère disparu : « Mon témoin principal. Le seul qui a vu ce que j’ai vu », écrit l’auteure. Parce qu’une enfance à l’ombre de la maladie mentale laisse des traces et rapproche les infortunés, le profond attachement de l’écrivaine à son frère est palpable du début à la fin. Ainsi, la douleur de le laisser partir n’en est que plus vive : « Je n’y arriverai jamais à ce que tu ne sois plus là. On était si seuls toi et moi dans cette enfance (...). Maintenant je dois être seule toute seule. »

Mais parions que Sylvie Laliberté ne restera pas si seule, car nul doute que son récit trouvera une résonance dans le cœur de nombreux lecteurs.

samedi 25 septembre 2021

La vulgarisation d'un article

Dans le cadre du certificat de rédaction, j'ai suivi un cours de vulgarisation, qui avait pour but de nous apprendre à expliquer en mots simples des sujets complexes. Je me suis très souvent arraché les cheveux en faisant les travaux, car la schématisation d'un concept est un très grand défi pour moi. Même le faire à l'oral est difficile, alors quand il faut le passer à l'écrit en plus, c'est quasiment douloureux.

Pour le premier travail, il s'agissait de rédiger un article journalistique d'une page et demie à partir du texte How the pandemic defeated America du grand journaliste scientifique Ed Yong. Je ne sais pas si le prof voulait nous effrayer en partant, mais c'est l'effet que ça m'a fait quand j'ai lu ce long article écrit de main de maître, et en anglais!!

J'ai commencé, comme chaque fois, par m'indigner, par crier que je serais incapable et par penser abandonner le cours. Puis après cette inexorable ritournelle, je me suis assise à table avec mon café, résignée, et j'ai passé toute la fin de semaine à noircir des pages et des pages de notes, de liens, de réflexions. Je passe toujours au moins 2 jours dans un gribouillis mental assez opaque avant d'émerger vers un début de plan d'écriture.

Je ne sais pas si c'est normal, mais jusqu'ici, ça s'est toujours passé ainsi.

La consigne du travail était donc de trouver un angle et de rédiger un article journalistique à partir du texte d'Ed Yong. 

J'ai choisi l'angle de l'isolationnisme des États-Unis.

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17 septembre 2020


Individualisme et pandémie ne font pas bon ménage


Photo tirée d'internet


“Il est infranchissable”, “c’est le plus puissant au monde”, “il a arrêté la COVID-19, il a tout arrêté”. Le président des États-Unis ne tarit pas d’éloges lorsqu’il parle de son “mur magnifique”, symbole suprême de sa politique “America first”. C’est pourtant cette même politique isolationniste qui a mis à genoux la première puissance mondiale et provoqué la mort de centaines de milliers d’Américains pendant l’épidémie du coronavirus. 


Alors que la Chine faisait état d’un nouveau virus sur son territoire, les États-Unis se coulaient des jours heureux - du moins, d’un point de vue épidémiologique -, loin de la menace qui faisait déjà trembler l’Asie.  L’auteur Ed Yong, dans son article « How the Pandemic Defeated America » paru dans la revue The Atlantic, explique cette rupture par le fait que Trump, dans une attitude individualiste et complaisante, avait retiré le pays de plusieurs institutions et partenariats internationaux. L’auteur rapporte aussi que depuis 2017, le président a choisi de couper les vivres aux épidémiologistes américains qui gardaient un œil sur le territoire chinois, particulièrement sensible à l’apparition de nouveaux virus. En congédiant ces antennes, Trump a isolé le pays et invalidé le système de surveillance qui aurait pu amortir la catastrophe.


La réponse initiale du gouvernement face au virus s’inscrit aussi dans l’attitude de repli des États-Unis de Trump : le président a entièrement basé sa stratégie d’éradication du virus sur la fermeture des frontières. Ed Yong relate les bévues de ce plan : les gens en provenance de la Chine, ciblés par l’interdiction d’entrer au pays, ont pu dévier leur itinéraire, passant par des zones souvent plus touchées. De plus, des annonces spontanées ont provoqué des mouvements rapides de voyageurs et créé d’importants foyers de contagion. Résultat : ces gens ont tous pu fouler le sol américain malgré une mesure en apparence aussi incontournable qu’un mur. Si cette stratégie d’isoler le pays semble à priori essentielle, elle aurait dû faire partie d’un plan global bien orchestré.


En somme, le comportement individualiste et les décisions unilatérales du gouvernement ont conduit le pays à la catastrophe sanitaire et sociale. Il n’y a pas de réponse simple à un problème compliqué. Et dans l’échelle des problèmes complexes, une pandémie trône sans contredit au sommet. 





Article magazine sur les survivalistes

Pour le travail final du cours de vulgarisation, il fallait écrire un reportage destiné à un magazine (fictif), qui devait avoir un lien avec le coronavirus ou la pandémie.


J'ai décidé de parler des groupes survivalistes, qui ont connu un essor important durant la pandémie. C'est un sujet qui m'intriguait véritablement et j'étais excitée à l'idée d'infiltrer des groupes Facebook pour me documenter. J'ai découvert un phénomène fascinant et discuté avec des gens sympathiques et très ouverts à parler de leur style de vie.


C'est à travers ce texte que je me suis exercée à l'humanisation, une pratique importante dans l'écriture de textes de magazines. Humaniser, ça veut dire "donner la parole à des gens qui connaissent l’histoire de l’intérieur, qui sont à l’intérieur du problème, qui sont capables d’expliquer leur perception, la signification du problème, de la découverte, de la situation."


La préparation pour ce texte a été longue, je me suis promenée de longues heures sur les groupes Facebook afin de bien saisir le phénomène, puis j'ai échangé avec plusieurs personnes, par écrit ou au téléphone, avant de choisir les témoignages les plus pertinents pour mon article. C'était un long processus, mais j'ai eu beaucoup de plaisir à chaque étape de la rédaction de ce texte.


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17 décembre 2020



Pandémie : coup d'accélérateur chez les survivalistes


Photo tirée d'internet

“Des illuminés qui vivent dans une réalité parallèle.” “Des extrémistes qui espèrent une attaque de zombies.” “Des paranoïaques qui ont basculé dans la folie”. Les survivalistes sont souvent affublés de descriptifs peu flatteurs. Mais depuis la pandémie, ils sont plus nombreux, plus actifs et plus visibles que jamais. Comment la pandémie a mis le vent dans les voiles d’un mouvement jusqu’alors totalement marginal?


Qui sont les survivalistes?

Les survivalistes sont des gens qui se préparent à une catastrophe éventuelle, à un “bris de normalité”. Ils se qualifient de gens prévoyants, et apprennent diverses techniques de survie en forêt, s’exercent au maniement d’armes à feu et accumulent des denrées pour subvenir à leurs besoins le plus longtemps possible en cas de catastrophe grave.


Benoît*, survivaliste

Benoît est survivaliste depuis 10 ans. Ce père de 4 enfants possède l’équipement de base pour survivre - même en hiver - sans service public pour au moins 30 jours. Comme plusieurs survivalistes, Benoît habite dans un contexte de vie qui lui permet le maximum d’autosuffisance. “J’habite en campagne. On chauffe au bois et j’ai une rivière derrière la maison pour l’eau”. Benoît est un homme de famille. Selon lui, son choix de vie et toutes ses décisions ont pour objectif de protéger les siens. Il explique qu’il amène ses enfants avec lui pour faire des activités en nature depuis qu’ils sont tout petits. “Quand on va en forêt, c’est chacun son rôle! Un ramasse le bois, un monte le camp, et on maintient le feu pendant qu’un autre chasse ou pêche. J’ai aussi initié mes enfants très jeunes au tir d’armes à feu.” Alors que le virus inquiétait de plus en plus la population, Benoît a fait des réserves d’essence et a retiré beaucoup d’argent liquide. Puis à l’annonce de la fermeture des commerces, il est allé acheter des munitions. “Beaucoup de munitions”, renchérit-il. Benoît prend son rôle de protecteur de famille très au sérieux. “Mes armes me procurent beaucoup d’assurance. Je peux chasser petits et gros gibiers, et repousser ceux qui oseraient venir s’en prendre à ma famille et/ou à mes biens. L’homme dans le besoin est capable du pire, ajoute-t-il, donc il faut être prêt à tout.” 


Augmentation massive 

“Avec la pandémie, le nombre de membres a augmenté de 1000% en trois mois”, estime celui qui répond au pseudonyme de Claude Survivaliste, administrateur du groupe Facebook Survivaliste Canada. “Avant nous étions 400, maintenant nous sommes 4000”. L’augmentation est presque aussi spectaculaire du côté du groupe Survivaliste du Québec dont les membres sont passés de 600 à 5000 en quelques semaines. “On devait se mettre à 3 “admins” pour gérer les demandes d’adhésion, qui rentraient à coup de centaines par jour.”, explique Claude Survivaliste, qui administre également le groupe dédié aux survivalistes québécois.


Annie*, Néosurvivaliste (ou prepper)

Annie est prepper depuis 10 ans. Cette professionnelle dans la quarantaine décrit les survivalistes comme ceux qui se pratiquent énormément en forêt, et les preppers comme des gens qui se préparent en faisant d’importantes réserves. Les preppers tentent d’être aussi autosuffisants que possible, en cultivant un jardin, par exemple, et parfois même en élevant des animaux. Annie a vu les signes avant-coureur du confinement au moins trois semaines en avance. “Dès fin février, j’ai pris beaucoup d’argent et je me suis assurée qu’on avait du stock pour trois mois.” Puis elle est allée voir un épicier de son village, avec qui elle a établi des ententes de services. “Il devait m’avertir des hausses de prix, et aussi des bris d’approvisionnement, donc je pouvais acheter avant que le monde se rue sur les denrées.” La mère de famille affirme être passée du niveau intermédiaire au niveau avancé dans sa préparation. “Plus ça va et plus on va dans les détails dans l’acquisition de matériel” dit-elle. “J’ai acheté une pompe à eau et une pompe à gaz. J’ai envisagé le pire, car c’est documenté, quand les gens ont peur, tout se vide très rapidement.” 


Bris de normalité

Bien que les façons de pratiquer ce mode de vie et les réactions de chacun diffèrent, tous ont un objectif commun : être prêts à affronter un bris de normalité. Comme l’expression l’indique, un bris de normalité est une situation dans laquelle la vie telle qu’on la connaît est bouleversée, et le système mis en place pour répondre aux problèmes communs ne suffit plus. Il faut alors avoir recours aux ressources qu’on aurait préparées, ou aux ressources de la nature, en cas extrême. L’éventail des bris de normalité auxquels les survivalistes se préparent est large : il peut s’agir d’un désastre naturel comme des inondations ou des feux de forêt, d’un chamboulement social tel un conflit armé, ou d’une catastrophe globale comme l’effondrement de notre civilisation. Une pandémie fait partie de ce type d’événements à très grande échelle qui s’oppose à toute normalité, et de surcroît, qui dépasse l’entendement.


Pourquoi cet engouement?

La psychologue Brigitte Whelan explique qu’au départ, la pandémie apportait énormément d’éléments inconnus, et que l’inconnu engendre inévitablement du stress. “Au début de la pandémie, personne ne connaissait ce virus. Les dirigeants ne pouvaient pas rassurer la population. Ils fournissaient une information partielle et incertaine, ce qui n’a fait qu’augmenter l’anxiété des gens.”  Elle ajoute que le cerveau cherche toujours à agir sur l’incontrôlable, pour diminuer le sentiment d’impuissance. “Cela permet au système nerveux de se calmer et de comprendre qu’il n’y a pas de danger.” Selon elle, cet emballement soudain au sein des groupes survivalistes pourrait être attribuable au besoin d’agir et de trouver des solutions pour diminuer le stress induit par l’incertitude.


Les raisons derrière la volonté de tant de personnes à intégrer les rangs du mouvement survivaliste sont diverses : perte de confiance dans le système, besoin de contrôle, désir d’apprendre, envie de reconnecter avec la nature, etc. La pandémie a été déterminante dans le choix de plusieurs, et a donné un important coup d’accélérateur au mouvement survivaliste. Chez les vétérans comme Benoît et Annie, la pandémie a été perçue comme une occasion de peaufiner leurs plans, de mettre à jour leurs techniques, de s'acheter plus d’équipement. Nombreux sont ceux qui affirment que la pandémie a été “une excellente pratique” en vue d'un événement beaucoup plus grave. Certains ont aussi confié qu’ils étaient prêts depuis belle lurette, et que la pandémie n’avait strictement rien changé à leurs habitudes - si ce n’est que de regarder, à la télé, les gens se ruer sur du papier de toilette -, comme a répondu l’un d’eux, non sans une pointe de moquerie.


Tous concernés

Dave MacDonald ressent bien l’intérêt grandissant pour le survivalisme dans les nombreuses demandes qu’il reçoit des gens depuis le début de la pandémie. L’ancien technicien de recherche et sauvetage de l’Aviation royale canadienne dirige aujourd’hui l’International canadian school of survival, qui offre des cours de survie en forêt, d’orientation, de premiers soins en milieu sauvage et de sécurité des armes à feu. Il soutient que même si les cours d’orientation et de survie en forêt demeurent très populaires, les demandes les plus fréquentes concernent aujourd’hui la sécurité et l’usage des armes à feu. Selon lui, “les gens font plus de plein air, ils veulent chasser et avoir leur permis d’arme pour l’auto-défense, bien que, précise-t-il, ce soit illégal au Canada.” Il ajoute que les gens ont plus de temps, vont davantage en nature, sortent pour pratiquer leurs habiletés en forêt. D’ailleurs, poursuit-il, les missions de recherche explosent aux Etats-Unis parce que les gens se perdent en nature!” La survie et la sécurité en forêt sont au cœur des enseignements de Dave MacDonald, qui souhaiterait - et les survivalistes seront d’accord avec lui - que chaque Canadien ait cette formation, pour savoir répondre aux urgences et aux désastres naturels.”


*Prénoms fictifs pour protéger l’anonymat



Boulimique du lexique


L'exercice de recherche de vocabulaire effectué pour le texte Symphonies noires m'a ramenée presque 30 ans en arrière, alors que j'étais en secondaire 4. Mon enseignant de français, prénommé Ghislain, était un homme lettré très raffiné, qui s'exprimait dans un vocabulaire qui était totalement nouveau pour moi. Il utilisait des mots que je n'avais jamais entendus jusque-là dans ma banlieue-de-classe-moyenne-d'avant-internet. L'intérêt que j'avais déjà pour la langue s'est alors transformé en passion dévorante et j'ai développé une insatiable curiosité pour les nouveaux mots. Pendant les cours de français, j'ai donc commencé à noter tous les termes que Ghislain employait dont j'ignorais le sens. Aussitôt descendue du gros autobus jaune après l'école, je m'assoyais devant mon dictionnaire et je cherchais chaque mot, en écrivais la définition, puis mettais mon travail au propre à la dactylo. Aujourd’hui, ça m’apparaît étrange que tous ces mots (qui me semblent maintenant assez accessibles) me fussent à ce moment de ma jeunesse totalement inconnus! Ça m’amène à poser un regard nouveau sur le registre de langue du milieu dans lequel j’ai grandi.


J'ai accumulé des pages et des pages de mots. 


Voici un exemple de cet exercice : 








Recherche de vocabulaire

Pour le texte Symphonies noires, j'ai créé une banque de mots associés à mon thème, afin de m'aider à écrire dans un lexique riche et varié, tout en évitant les répétitions. C'est un exercice qui peut être long, mais qui facilite grandement le travail de rédaction. 



punitions

exécution

musique

camp de concentration

agonie

mise à mort 

harmonie

camp punitif

charogne

extermination

mélodie 

centre de détention

déclin

condamnation

air de musique

centre de mise à mort

dégradation

mort

notes

camp d’extermination

déchéance


orchestre

usine de la mort

la solution finale 

chanter

symphonie

centre de mise à mort

dépouille

entonner

hymnes 

ghettos

affaiblissement physique et psychologique

fredonner

chants

système concentrationnaire

humiliation


chansons

musique allemande

abjuration


des psaumes

discours de propagande

détention


concerts

musique punitive

conditions inhumaines


compositions

chants antisémites / chants nazis

épidémies


répertoire

paroles antisémites

maladies


morceaux 

musique diffusée dans les hauts-parleurs

faim


choeurs

hymnes allemands

froid


chorale

rythme scandés / saccadés / martelés / pulsé

terreur


ensemble

automatisation

perte de liberté


oeuvres musicales

cadence

perte de dignité conditions indignes


rythmé

musique punitive

traumatismes


rythme scandé

répertoire allemand

souffrance


saccadé

musique traditionnelle allemande

dévastation


battre la mesure 

pulsations martelées

désolation


régulier

chants de marche militaires

asservissement


cadencé 


soumission


rythmes ininterrompus


atrocité


continu


funeste 


incessant




soutenu




chorégraphie


Allemagne nazie

Hitler

le génocide des Juifs

SS 

3e Reich

Führer

la Shoah

les milices du parti nazi


le régime de Hitler

Chancelier du Reich

période concentrationnaire 

les escadrons de protection du régime 

le régime nazi


Holocauste

geôliers nazis

la dictature nazie


période génocidaire

bourreaux nazis

toute-puissance germanique


épisode génocidaire

tortionnaires nazis




gardiens

Les Juifs

antisémite 

chanter

les opposants au régime

antibolchévique

entonner 

les détenus communistes

antijuifs


les opposants politiques

modèles aryens


les déportés



les adversaires politiques 



les prisonniers








Aide médicale à mourir : ma collaboration avec MÉMO-QC

J'ai eu la chance, dernièrement, d'écrire un texte pour Paraquad , la revue de MÉMO-Qc. Rappelons que  MÉMO-Qc, est un organisme qui...